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lundi 13 avril 2015 à 11h45

Rassemblement au moment de la visite de Fleur Pellerin, ministre de la culture, pour demander le sauvetage de l'Ancien Théâtre

Lundi à 11h45 Sur le Parvis du TAP

Il faut profiter de la venue de la ministre de la culture, à Poitiers, pour signer un pacte de culturel clamant la volonté de préserver le patrimoine architectural et historique de la ville, pour demander la "grâce" de l'œuvre de Lardillier menacé par le projet commercial du maire. Soyons présents pour dire l'opposition des poitevins à ce projet.

Rappel des faits :

'Dès l'annonce du rendu du jugement en première instance validant la décision de vente du théâtre, l'équipe municipale a déclenché une campagne de communication comme on en voit rarement : chaque jour un angle différent distillé à la presse de façon à imposer l'idée selon laquelle le combat des opposants au projet était terminé.
Nous voulons dire que cet excès de triomphalisme est pour le moins prématuré. La mairie n'ignore pas qu'il existe des possibilités de recours légitimes et que les procédures ne sont pas à leur terme. Nous voulons adresser au maire un appel solennel à ne rien engager qui soit irréversible. Les poitevins ne comprendraient pas que, en cas de victoire de la procédure engagée contre le permis de construire, par exemple, on ne puisse que constater la destruction de la salle. On connait de ces victoires amères (Samaritaine, survenant trop tard pour que les dommages puissent être réparés). Nous étudions la pertinence de l'appel, nous nous sommes procuré le permis de construire que nous analysons avec l'aide de nos avocats et de professionnels : nous n'avons pas encore arrêté les formes de notre action mais il faut que le maire sache que la bataille n'étant pas terminée, il doit respecter les droits de ses opposants, lui qui n'a jamais voulu discuter avec eux.
Le jugement en première instance est loin de nous avoir convaincus. Nous n'irons pas en appel par entêtement, nous irons, si nous le décidons, pour demander un arbitrage : il y a eu, rappelons-nous deux audiences concluant, sans qu'il y ait quoi que ce soit de vraiment nouveau entre les deux, de manière contradictoire, la première nous donnant raison et la seconde, tort. Ce fait a de quoi nous troubler et nous engager à demander un dernier avis. De plus, la lecture du permis de construire, semble nous donner raison sur un certain nombre de points (la surface, le problème posé par le régime de copropriété…). Le maire doit attendre cet arbitrage s'il a le souci du respect du droit.
Nous voulons enfin que s'ouvre un débat de fond sur le contenu et la forme du projet engagé par Michel Berthier et M. Dorchie. A l'heure où la ministre de la culture vient signer un pacte culturel liant la ville et l'état sur fond notamment de protection du patrimoine historique et architectural de la ville, les attitudes des promoteurs du projet municipal de salle d'arts visuels ne laissent pas d'interroger. L'affaire du nom du projet, celle des lettres retrouvées, sont significatives : voilà un chef d'œuvre patrimonial, unique en son genre, meilleur témoignage de l'art du XXème conservé dans la ville, dont on n'a jamais véritablement examiné le classement pourtant jugé pertinent par les plus grands spécialistes. Voilà donc un chef d'œuvre dont on considère que l'enseigne et un élément de décor suffisent à attester de sa volonté de le préserver. Les lettres rappelleraient la mémoire du lieu sur une façade devenue celle d'un centre commercial, le miroir deviendrait, lui qui a été conçu pour décor de théâtre, un décor de galerie marchande et de hall de résidence de luxe. Cette façon d'instrumentaliser la mémoire des lieux, celle des poitevins attachés à leur théâtre, au bénéfice d'une entreprise commerciale est proprement scandaleuse. Pour nous, inscrire Théâtre sur la façade du projet de François Pin, faire du miroir de Pansart le décor d'une résidence de luxe, c'est recouvrir le cadavre du théâtre d'une stèle ironique et cruelle.
Mettons face à face notre projet et le projet de la mairie et demandons-nous lequel répond le mieux à ce dont Poitiers a le plus besoin au cœur de la ville. D'un côté, la préservation d'une œuvre architecturale du XXème siècle unique en son genre, conservée dans son usage premier, répondant à l'insuffisance en matière de résidence d'artistes et de diffusion pour les amateurs, les pré-professionnels, les scolaires… De l'autre, une petite salle d'arts visuels, en sous-sol, basse de plafond, déjà gourmande en fonds publics (1 million en autorisation de programme + la réfection du miroir) et dont l'installation entraîne la destruction du théâtre et la perte de contrôle publique sur un bâtiment d'envergure au cœur de la ville. Tout le monde sait que les arts visuels gagneraient à investir d'autres lieux que celui-ci ! Et ils ne manqueront pas dans les années qui viennent.
Nous ne renoncerons pas, nous voulons dire aux poitevins que nous ne trahirons pas les 8000 signataires de la pétition à qui nous avons promis de tout faire pour que ce théâtre revienne à ceux à qui il appartient, les poitevins et les autres. Nous ne trahirons pas tous ces gens rencontrés dans nos fêtes, nos animations, nos rencontres et qui, tous, nous ont dit leur attachement à cette culture que cette scène leur a fait partager, celle qui ne pompe pas toutes les finances d'une ville pour en faire resplendir le prestige, celle qui réunit autour du plaisir d'être ensemble et de construire de l'intelligence collective.
Nous ne trahirons pas tous ceux que révolte le fait qu'une décision soit prise à l'encontre des promesses, que révulse le fait qu'un dialogue ne soit jamais ouvert.
La décision du 26 mars n'est qu'une péripétie. Nous savons que le combat est long mais il est juste. Nous tenons depuis deux ans, nous saurons bien aller plus loin. Nous avons besoin de tous : sur le parvis du théâtre de Poitiers, c'est une certaine idée de la démocratie que nous défendons, c'est aussi une certaine idée de la culture, du lien social, et de l'échange.

Organisé par Le peuple citoyen